Il y avait foule devant l'Ambiance Café pour accueillir François Bayrou lors de son passage à Grenoble. Du monde partout, dedans, dehors, aux fenêtres, sur les toits, ... Malgré la pluie et les vacances scolaires, près de 3000 personnes se pressaient pour saluer François BAYROU, lui porter un encouragement ou obtenir une signature sur son dernier livre.
Nous avions voulu une réunion conviviale, loin des meetings traditionnels. Et si l'affluence et la pluie ont créé quelques mouvements, c'est dans une ambiance chaleureuse et bon enfant que les grenoblois ont pu rencontrer François BAYROU, sans dispositif de protection, en contact direct. François BAYROU a d'abord discuté avec les infirmières en grève. C'est avec écoute et compréhension qu'il leur a apporté un soutien à la hauteur des difficultés de leur métier. Au fur et à mesure des contacts, François BAYROU a pu ainsi dialoguer avec un père et son enfant autiste, des jeunes de banlieue, un pasteur, le Président des imams de Grenoble, des enseignants, chefs d'entreprise ...
Le temps était trop court, et François BAYROU a promis de revenir pour un maxi meeting ... entre les 2 tours.
C'est tout ce qu'on lui souhaite.
http://www.dailymotion.com/video/x1nzx4_francois-bayrou-a-grenoble
Texte de l'intervention de François BAYROU à l'Ambiance Café :
Merci aux centaines de jeunes qui sont là et aux autres. Je suis désolé pour ceux d'entre vous qui se sont mouillés. Je vous promets que, la prochaine fois que je viendrai pour faire un meeting - pour le deuxième tour du scrutin - nous aurons une salle mieux dimensionnée à votre nombre.
Je veux vous dire des choses très simples, que la jeune fille qui m'a interpellé à l'instant a évoquées. Le moment que nous sommes en train de vivre est formidable, car, pour la première fois depuis des décennies, nous avons, nous, tous ensemble, le moyen de changer la politique de la France qui, depuis si longtemps, était une politique bloquée et se résumait à la "guéguerre" entre le PS et l'UMP, l'UMP et le PS, allers-retours et toujours les mêmes.
Cette "guéguerre" a conduit le pays à une situation où, pour ma part, je n'aurais jamais cru le voir -je sais que notre pays a vécu des crises très souvent-, c'est-à-dire avec toutes les crises en même temps, notamment le chômage à un tel niveau, partout.
Ainsi, pour la première fois -je n'ai pas de souvenir que cela soit arrivé avant-, les autorités européennes ont adressé un avertissement à la France pour souligner que les chiffres du chômage qu'elle annonçait partout, étaient faux.
Le chômage est partout et, en plus, la dette atteint des proportions écrasantes, puisqu'il faut maintenant la compter en milliers de milliards d'euros. Nous ne pouvons évidemment pas nous représenter ce que signifie des milliers de milliards d'euros, mais il suffit peut-être d'indiquer que la totalité de l'impôt sur le revenu des Français sert à payer les intérêts de la dette.
En outre, il ne faut pas oublier l'exclusion, puisque nous avons un million et demi de personnes au RMI, sans vraies perspectives d'en sortir, et les banlieues sont dans l'état que vous connaissez…
Nous sommes confrontés au doute partout, sur l'école, sur les usines, tout cela dans un contexte de réchauffement climatique de la planète. Et, à Grenoble, les scientifiques savent ce que cela signifie.
Il ne faut pas, non plus, oublier la mondialisation, la crise de l'Europe… Bref, nous vivons toutes les crises en même temps.
J'ai acquis la conviction avec le temps que, lorsqu'un pays est dans cet état, il n'y a qu'une manière d'agir, si l'on veut être sérieux et responsable, c'est d'inviter tous les responsables du pays à se mettre autour de la même table, à discuter et à travailler ensemble pour redresser le pays. En effet, ce que nous avons à accomplir, ce n'est pas idéologique, c'est notamment apprendre à lire à tous les enfants avant qu'ils entrent en 6e, c'est multiplier les emplois à partir de notre activité économique, etc. Pour moi, tout cela n'est ni de droite, ni de gauche.
Je sais que l'emploi est le seul véritable geste social que l'on peut accomplir. Si nous n'avons pas d'emplois à offrir aux personnes, tout le reste est assistance, cosmétique. Il en faut, mais le seul vrai geste, c'est l'emploi.
Nous avons à donner des signes de solidarité en direction des plus jeunes qui ont des difficultés avec leur insertion universitaire ou professionnelle. Nous avons donc à inventer une université différente qui n'aura pas seulement comme préoccupation de transmettre des connaissances ou de faire de la recherche, mais également de préparer ces étudiants à la question de l'emploi qui vient après.
Nous avons à lutter contre les discriminations dont beaucoup de jeunes filles et de jeunes garçons en France sont victimes. Nous avons à avancer vers une meilleure sécurité : pour moi, cela ne consiste pas à dresser les personnes les unes contre les autres, mais d'abord à apaiser les tensions, exactement comme on le fait dans une famille ou dans une entreprise, afin que la compréhension grandisse entre Français plutôt que la "détestation".
Nous avons à reprendre le projet européen, à construire un pays qui soit accueillant avec les chercheurs, avec les créateurs d'entreprises et les créateurs d'emplois. Vous savez que je défends l'idée, si je suis élu, que toute entreprise en France ait la possibilité créer deux emplois nouveaux sans avoir à payer de charges pendant cinq ans, afin de libérer la création d'emplois.
Nous avons à faire en sorte que les exclus ou, en tout état de cause, les personnes bloquées dans les minima sociaux puissent retrouver au moins une activité au service de la société, pas seulement pour arrondir leurs fins de mois, mais également pour que ces personnes se trouvent en situation de reconnaissance et pas laissées sur le bord de la route, comme cela.
Nous avons à nous occuper -je sais bien qu'elles ne sont pas là !- des personnes âgées qui ont de toutes petites retraites, car la situation de celles et ceux -c'est plus souvent celles- qui, en France, ont travaillé toute leur vie et qui perçoivent 630 euros de retraite par mois, à savoir le minimum vieillesse, n'est pas digne d'un pays comme le nôtre.
Toutes ces choses, nous avons à les bâtir en faisant des efforts et en le faisant tous ensemble.
J'ai acquis la conviction -j'ai pris tous les risques pour vous le dire et je les prends tous les jours encore- qu'il est impossible de résoudre ces problèmes en donnant simplement tout le pouvoir à l'un ou à l'autre des deux partis. C'est impossible.
Tout d'abord, si vous les écoutez bien, vous trouverez dans leur programme, de nombreuses mesures qui se ressemblent, beaucoup de surenchère dans le même sens. Bref, il n'y a plus les affrontements idéologiques d'autrefois. Ils font semblant, ils les jouent, ils mettent en scène des affrontements idéologiques dans l'espoir de conserver le pouvoir entre les deux appareils qui l'exercent.
Moi, je veux sortir de cette mise en scène. Je veux simplement que, en France, au moins pour les cinq années qui viennent -après ces cinq années nous retrouverons peut-être les jeux politiques traditionnels-, les citoyens français, le peuple français donnent ordre à leurs représentants, à leurs élus de bien vouloir, pour une fois, s'occuper des problèmes des citoyens et pas des problèmes des partis, de bien vouloir, pour une fois, faire l'effort de ne pas être systématiquement contre ce que proposent les personnes au gouvernement lorsque l'on est dans l'opposition et systématiquement contre ce que propose l'opposition lorsque l'on est au gouvernement.
Nous avons des sujets à traiter qui relèvent de l'unité nationale et plus de l'intérêt partisan. En outre, nous avons à les traiter, si possible, en tout cas c'est ce que je souhaite, en nous respectant les uns et les autres.
Aujourd'hui, dans cette foule, sont présentes des personnes qui viennent de la gauche. Elles ont leur valeur. D'autres personnes viennent de la droite, elles ont leur valeur. D'autres encore, nombreuses, viennent du centre et elles ont leur valeur. Pourquoi ne pourrions-nous pas travailler ensemble ?!...
En quoi une personne qui croit à l'égalité des droits et à l'égalité des chances ne peut-elle pas travailler avec une autre qui croit à la liberté et/ou avec encore une autre qui croit à la fraternité ?!...
Il se trouve que nous avons trois valeurs et, comme vous le voyez, l'une est affectée plutôt à un camp, la deuxième plutôt au deuxième et la troisième plutôt à la troisième famille, mais ces trois valeurs constituent la devise de la République : liberté, égalité, fraternité.
Je suis plein d'espoir, je fais le tour de France et je veux simplement vous dire que je suis, bien entendu, comme chacun le sait, un homme du centre, mais que je n'ai aucune difficulté à travailler avec des personnes de gauche ouvertes et avec des personnes de droite ouvertes, tout comme je n'ai aucune difficulté à les faire travailler ensemble.
Ce qu'il faut simplement, c'est avoir les idées claires et que nous nous fixions un petit nombre d'objectifs réalistes. Pas des promesses multipliées, pas des milliards et des dizaines de milliards d'euros comme je l'entends autour de moi tous les jours, comme si nous avions de l'argent. Nous n'avons pas le premier sou de ce que l'on nous promet et de ce que l'on nous annonce.
Je veux que nous soyons un peuple de citoyens, c'est-à-dire un peuple de responsables. Ainsi, si je suis élu président de la République, je parlerai avec les Français des problèmes qui sont devant nous. Je leur dirai exactement, aussi simplement que je le ressens, ce que j'en pense.
Les réformes que nous ferons, nous les préparerons ensemble et nous en avons, bien sûr, de grandes devant nous. Tout le monde sait que nous avons à opérer une grande réforme des retraites, tout le monde sait que le déséquilibre entre les personnes âgées et les personnes en activité est tel que cela fait courir de très grands risques : soit les retraites s'effondrent, soit les actifs ont trop de charges à porter sur leurs épaules.
Tout le monde le sait.
Ne croyez-vous pas que nous sommes un assez grand peuple pour en discuter ensemble ?!... Ne croyez-vous pas que le président de la République doive intervenir à la télévision aussi souvent qu'il le faudra pour parler avec ses concitoyens, entendre leurs objections, décider ce qui doit être fait sur les grands sujets du pays ?!...
J'entends dire que l'un de mes concurrents ne veux pas que nous parlions de l'Europe. Il a décidé que, pour sortir de la crise européenne, il fallait que ce soit le Parlement qui vote "vite fait" et que le peuple n'a pas à être saisi de cette question. Je ne suis pas d'accord avec cela. Je suis persuadé que ce que nous voulons faire de l'Europe n'est pas une question pour des "initiés", pour des "technocrates", pour des Parlementaires, mais qu'il s'agit d'une question pour les citoyens.
Je considère qu'il n'y a aucun avenir pour notre pays si nous n'arrivons pas à construire une Europe équilibrée, qui s'occupe, excusez-moi, un peu moins de la concurrence commerciale et un peu plus des grands sujets comme l'énergie, la recherche, la défense, l'action diplomatique, notamment au Proche et au Moyen-Orient.
Je pense que mes concurrents se trompent en croyant que les citoyens ne sont pas capables de comprendre les grands sujets. Pour moi, les grands sujets sont tous des sujets simples. Je ne connais rien de compliqué, ni à la question de l'économie ni à celle des retraites.
Certains sujets demandent, en effet, une technicité ou une compréhension, mais il est toujours possible de toujours partager avec des citoyens. Je ne pense pas que ce soit seulement l'affaire des "initiés", des hauts fonctionnaires ou des anciens élèves de l'ENA. Je pense qu'il s'agit, là, d'une affaire qui concerne les citoyens et je pense profondément que la démocratie est en train de changer.
Je pense que les citoyens français, qui sont les précurseurs de nombreuses autres évolutions sur la planète, sont en train de changer suite à une révolution silencieuse dont peu de personnes avaient senti la force, Internet. En effet, Internet change la situation des citoyens.
Jusque à présent, les citoyens étaient des spectateurs, passifs, assis dans leur fauteuil, ils regardaient des émissions de télévision et ils ne pouvaient pas faire autrement que de les accepter.
Maintenant, la bonne nouvelle est qu'ils peuvent aller chercher eux-mêmes l'information et eux-mêmes la transmettre. C'est une révolution qui est en cours, une révolution bienfaisante, car, au lieu d'avoir un peuple de sujets, nous avons, ainsi, un peuple de citoyens, c'est-à-dire de responsables.
Moi, je veux être l'acteur, avec le peuple Français, de cette grande mutation qui va faire que les citoyens, au lieu d'être simplement des consommateurs de politique, vont devenir des acteurs de politique. Ils vont décider ensemble que, désormais, ces grands sujets les intéressent et qu'ils ont, non seulement leur mot à dire, mais également leurs convictions à défendre. Au fond, cela va nous tirer vers le haut.
Savez-vous ce que j'aime dans nos meetings ? Je vous fais une confidence, c'est qu'il n'y a pas de sifflet, c'est que l'on ne se hue pas les uns, les autres. Nous essayons d'expliquer les problèmes et, ainsi, les citoyens innombrables qui viennent participer à ces meetings, sortent avec une idée haute de la responsabilité et avec une compréhension -en tout cas je le souhaite- supplémentaire de ce que nous pensons, ainsi, peut-être, qu'avec une compréhension de ce que pensent les autres.
Tel est le président de la République que je veux être, un président de la République qui rassemble les Français et qui permette la compréhension entre les différentes catégories de Français.
Je ne vais pas vous donner mon programme in extenso, je vais évoquer devant vous une ligne, la seule qu'il faille, au fond, conserver. En effet, la seule chose qui compte, si nous voulons faire face, premièrement, à la grande compétition de la mondialisation et, deuxièmement, à la question de l'égalité des chances, c'est l'éducation.
Nous devons concentrer tous nos moyens sur l'éducation et sur la recherche. Il faut avoir le courage de dire que cela passe avant tout le reste en termes de moyens, de soutien et en termes d'exigence. Jusque là je suis sûr que vous êtes d'accord avec moi. Il nous faut également avoir le courage d'indiquer que, si la France veut s'en sortir, il faut qu'elle ait les jeunes les mieux formés de la planète, afin qu'ils deviennent les premiers dans le monde.
Or, nous avons tout ce qu'il faut, notamment une Éducation nationale qui est l'héritière d'une grande tradition. Mais il faut que nous nous donnions les moyens -et je sais que ce n'est pas facile, j'ai exercé cette responsabilité- de faire en sorte que, désormais, à chaque lien du système éducatif où il y a des échecs, nous les corrigions. Nous devons corriger ces erreurs tous ensemble avec les moyens et le soutien que je garantis à l'Éducation nationale.
C'est la seule ligne de mon programme que je voudrais que vous conserviez. Tout le reste est sur le www.bayrou.fr. C'est facile à trouver ! Vous pourrez télécharger le programme que nous avons mis en ligne ce matin. Vous pourrez également trouver dans le livre que j'ai publié, qui s'intitule Projet d'espoir, ma réflexion sur le cap que nous devons suivre.
Je suis persuadé que, en trois semaines, ce mouvement qui nous porte, qui nous soutient, qui est beaucoup plus important encore que les enquêtes d'opinion ne le notent -vous avez vu commencer des polémiques sur ce sujet, il suffit d'en parler autour de vous, il s'agit de vérifier avec vos amis, vos proches et je suis sûr que vous trouverez des réponses à cette question-, je suis persuadé que le soutien massif que l'opinion est en train de nous apporter, va changer la politique Française.
Dans trois semaines, le lundi suivant le premier tour de scrutin, les choses ne seront pas les mêmes et, dans trois semaines, si nous sommes, comme je le crois, sélectionnés pour cette finale, alors vous verrez, tout d'un coup, se dégeler le monde politique traditionnel et classique.
Tout d'un coup, le message que le peuple Français aura envoyé à ses dirigeants politiques ne pourra pas être ignoré et, d'ailleurs, s'il l'était, il y aura une "courroie de rappel", car les Français pourront s'exprimer, de nouveau, lors des élections législatives, cinq semaines après l'élection présidentielle.
Je vous le dis, il n'y a aucun risque pour qu'un quelconque appareil ignore le message que nous leur aurons envoyé le 22 avril et le 6 mai, aucun risque.
Je vais même aller encore plus loin. Nous sommes la seule majorité possible pour la France, car les 20 à 25 % d'un côté et les 20 à 25 % de l'autre, cela n'a jamais fait une majorité. Nous, nous représentons la majorité centrale du pays, nous pouvons tendre la main loin à gauche, nous pouvons tendre la main à la droite républicaine, nous pouvons réunir ces responsables pour qu'ils acceptent de travailler ensemble pour le bien du pays.
Je vous promets que c'est ce que je ferai si je suis élu président de la République.
Je vous remercie d'être venus à Grenoble aussi nombreux pour envisager cet avenir et je vous promets de revenir entre les deux tours de scrutin pour faire un "méga", "maxi" meeting à Grenoble !
Merci de votre présence et de votre amitié !
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