Avec la mort de l'Abbé Pierre, c'est probablement la dernière grande personnalité française qui disparaît. L'abbé Pierre était avant tout la conscience de notre pays, son honneur face à l'abandon des plus pauvres par une société toujours plus riche, mais incapable de s'occuper des plus démunis parmi les siens. Tout aura été dit sur son parcours exemplaire, ses combats, ses doutes, ses erreurs parfois, mais surtout son extraordinaire humanité. Sa force était sa foi, son amour des autres, mais aussi son exceptionnel sens pratique, qui lui faisait préférer les actions les plus concrètes aux gesticulations médiatiques.
Dès ses débuts, il avait fait don de son patrimoine familial à des oeuvres caritatives, pour rejoindre les frères Capucins.
Autrefois en charge du logement de l'agglomération grenobloise, j'ai pu mesurer combien son combat est plus que jamais nécessaire, et hélas un éternel recommencement.
Sa fondation Emmaüs a montré la voie, mais tout reste à faire. Aujourd'hui encore, des gens vivent dans la rue, et on peine à imaginer l'extraordinaire souffrance que cela représente à la fois physique et morale.
Si la relève semble assurée au sein de sa fondation et dans l'action de terrain, la parole de cet homme exceptionnel, à la capacité de révolte permanente, manquera à tous. Il est mort dans la dignité et la paix. C'est tout ce qu'il souhaitait, non pas pour lui, mais pour ses "frères" exclus, qu'il avait en profonde affection.
Emmaüs : www.emmaus-france.org
Restos du Cœur : www.restosducoeur.org
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